Ces dernières années, j’ai pu observer que les élèves ne ressentent pas forcément le positionnement de leur corps tel qu’il est réellement. La façon dont ils le placent, le stabilisent est perçue différemment par chacun d’eux. En posture assise par exemple, certains élèves pensent avoir le dos droit alors qu’il ne l’est pas, ne pensent pas avoir besoin de support, ils pensent faire le mouvement comme il est guidé mais le font autrement, ils prennent un petit écart de jambe là où un grand est suggéré.
Évolutions entre début et fin de séance
J’ai également constaté la différence entre la manière dont certains habitent leur corps en début et en fin de séance : la détente des visages selon telle indication, une meilleure ampleur de la respiration selon une autre, une stabilité trouvée. J’ai aussi observé le visage contracté d’un élève qui ne s’autorise pas à sortir de l’assise ou à adapter une posture dans laquelle il n’est pas confortable.
La proprioception ainsi que la disponibilité du corps et du mental sont propres à chaque élève. Il est saisissant de voir, sur autre que soi, les effets de la pratique du yoga et d’entrevoir la richesse qu’elle peut apporter au long cours.
Nous accueillir pleinement
Comment vit-on une difficulté à prendre une posture ? Comment réagit-on face à nos limites ? Sommes-nous bienveillant vis-à-vis de nous-même ? Déçus ? En colère ? Se compare-t-on aux autres ? Forçons-nous sur nos membres ? Bloquons-nous notre respiration ? Ou au contraire nous appuyons-nous sur elle comme sur un support ? Relâchons-nous toutes les parties du corps inutiles à celles sollicitées par la posture ?
Du tapis de yoga à la vie quotidienne
Comme dans la vie, chacun a ses limites, ses obstacles. La pratique nous y confronte. Ce que l’on vit lors d’une séance, les facilités ou les difficultés avec lesquelles on entre dans une posture, les résistances de certaines parties du corps ou de la respiration, les adaptations que l’on apporte ; cette approche, sans cesse renouvelée à chaque pratique, qui apparaît physique au premier abord, s’opère aussi dans notre mental. Des parallèles, entre ce que l’on vit pendant la pratique et dans notre vie apparaissent alors.